Julie Angus parle de la puissance des réseaux d’innovation
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Il est difficile de mettre sur pied une jeune entreprise. Il ne s’agit pas simplement de démarrer une entreprise; il faut faire en sorte qu’elle devienne une compagnie qui emploie des gens, vend des services ou des biens et apporte une contribution au monde. Il en va particulièrement de soi lorsqu’on parle de bâtir une entreprise d’écotechnologie, car souvent du matériel est nécessaire et beaucoup de recherche et développement doivent avoir lieu avant qu’un quelconque revenu soit généré.
Je me rappelle le jour où je suis entrée chez MaRS, à Toronto. C’était en 2018. Tout respirait la désinvolture, et je sentais l’énergie des entreprises novatrices sur le point de prendre leur envol ou qui avaient déjà fait le saut. À mes yeux (ceux d’une personne qui fabriquait des bateaux robotisés fonctionnant à l’énergie solaire dans le coin de son garage, à Victoria), le gouffre était impossible à traverser.
Pourtant, deux ans plus tard, nous l’avons traversé. Nous avons 10 employés à notre actif, une fourmilière dans le parc technologique de l’île de Vancouver, à Victoria, et des collaborations avec divers clients sur un certain nombre de projets pilotes. Nous avons prouvé que nos bateaux autonomes utilisables au large peuvent préserver les aires protégées marines de la pêche illégale. Grâce à eux, il est donc possible de protéger des zones éloignées et vastes actuellement impatrouillables. Nous œuvrons aussi à protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord (espèce en péril) en proposant des solutions de surveillance acoustique à l’industrie éolienne extracôtière, pour qu’elle veille à ce que les animaux soient libres de se déplacer sans interférence attribuable à la circulation des bateaux ou aux bruits d’exploitation. De plus, la tâche répétitive de cartographie de l’océan (pour laquelle des bateaux doivent naviguer de haut en bas sur des grilles sans fin) est maintenant effectuée par notre technologie sans équipage.
Sans communautés et réseaux d’innovation, tout cela ne serait encore qu’un projet mené dans le coin de mon garage. MaRS est le premier centre d’innovation avec lequel j’ai travaillé; il m’a aidée à démarrer mon entreprise, à explorer la place de mon produit sur le marché et à réunir des capitaux. Les cinq autres finalistes du défi des femmes en écotechnologie sont devenues mon réseau de soutien. Ensemble, nous nous sommes motivées mutuellement tout au long du défi et avons célébré les réussites de chacune. Depuis, j’ai travaillé avec l’accélérateur d’écotechnologie Foresight, Alacrity Canada, Spring Activator, VIATEC et Creative Destruction Lab. Lorsque notre entreprise a commencé son expansion aux États-Unis, nous avons commencé à travailler avec GreentownLabs et SeaAhead (du Massachusetts). Chacun de ces organismes a joué un rôle crucial dans l’évolution de notre entreprise.
Les accélérateurs et les communautés d’innovation comme ceux auxquels nous appartenons sont essentiels pour faire parvenir les entreprises nouvellement nées au stade d’une meilleure résilience. Ils sont vitaux, car ils offrent des conseils professionnels indispensables, l’accès aux capitaux, le contact avec la communauté, des ressources partagées et le soutien d’un réseau de mentors. Cet important rôle se reflète dans la croissance des accélérateurs qui, aux États-Unis, ont décuplé de 2008 à 2014. À l’échelle mondiale, on compte maintenant plus de 7 000 accélérateurs et incubateurs. Les entreprises soutenues par des accélérateurs atteignent une valeur plus élevée (en moyenne 9,3 M$), et cela peut aller jusqu’à 118 M$ pour celles qui parviennent à obtenir du financement de capital de risque, selon un rapport de la Brookings Institution.
Sans le soutien des réseaux d’innovation, Open OceanRobotics n’existerait probablement pas, et d’innombrables autres entreprises sont dans la même situation. Nous avons encore beaucoup à faire pour atteindre notre objectif, qui est de transformer notre compréhension de nos océans et notre façon d’y opérer. Cependant, les leçons apprises et le soutien que nous continuons de recevoir nous y mènent directement. Dorénavant, je peux dire aux entrepreneurs qui n’ont que leur idée et leur projet de garage que c’est possible! Il faut simplement croire à son rêve et s’entourer de gens qui peuvent nous servir de guide et de mentor pour que notre concept devienne réalité.